Bien se chausser pour la randonnée
En collaboration avec Protégez-vous
En forêt ou en montagne, vous aimez parcourir les sentiers? Vos pieds doivent être bien protégés! Alors, devriez-vous opter pour un soulier ou une botte de marche? Voici quelques conseils pour choisir votre prochaine (ou première) paire de chaussures de randonnée.
Qu’il s’agisse de souliers, de bottillons ou de bottes, les chaussures de randonnée sont conçues pour adhérer à un sol de terre battue, de gravier ou parsemé de rochers et pour absorber l’impact de vos pas. Leurs semelles permettent aussi d’atténuer les inégalités du terrain, comme les cailloux sur lesquels vous marchez.
Ces chaussures résistent mieux au contact des éléments de la nature, comme la boue, mais également aux frottements contre les roches et les branches. Autrement dit, elles sont plus durables dans ce type d’environnement qu’une paire de souliers de course ou de marche pour la ville.
Quel modèle privilégier?
Les bottes ou les bottillons
Contrairement aux bottes, qui montent jusqu’aux mollets les bottillons présentent un design « mi-haut ». Ils ne montent que de 2,5 à 5 cm au-dessus des chevilles.
Idéal pour : les longues randonnées et sur des terrains plus accidentés. Ces modèles offrent un bon soutien et sont polyvalents.
Les avantages : comme elles maintiennent bien les chevilles, elles conviennent si vous avez des antécédents de blessures ou de faiblesses, par exemple des entorses. En raison de leur hauteur, les bottes et les bottillons protègent la malléole (la saillie osseuse sur le côté de la cheville) des roches et des souches, et empêchent les cailloux et la boue de s’infiltrer à l’intérieur.
Les désavantages : les bottes sont généralement plus rigides que les souliers. Vous pourriez trouver leur soutien un peu trop ferme, voire inconfortable. Plusieurs modèles sont assez lourds, chaque pas sera donc plus exigeant. Après un certain temps, vous pourriez ressentir une fatigue dans les jambes. C’est donc un pensez-y-bien surtout si vous n’en avez pas vraiment besoin.
En magasin, vous pourriez trouver des modèles de bottes et de bottillons plus légers. Prenez le temps de les soupeser pour les comparer.
Les souliers
Idéal pour : la randonnée sur des sentiers bien entretenus ou peu accidentés. Ces modèles offrent légèreté et performance.
Les avantages : ils assurent une mobilité totale de la cheville et vous permettent de développer votre agilité. Les souliers sont généralement plus légers que les bottes ou les bottillons.
Les désavantages : avec des souliers, la malléole n’est pas protégée contre les roches et les souches. La boue et les cailloux risquent également de s’infiltrer plus facilement dans vos chaussures.
Choisir des chaussures rigides ou souples?
La rigidité
Plus les chaussures et les semelles sont rigides, plus elles offrent du soutien aux pieds et leur permettent de moins se fatiguer, même sur un sol inégal, raboteux ou accidenté. Les muscles de vos pieds ont ainsi moins à travailler.
Ce coup de pouce est utile lors de randonnées qui sortent de ce à quoi est habitué votre corps. Pour vous, il peut s’agir d’une randonnée d’une journée sur un terrain un peu plus rocheux et avec un plus grand dénivelé qu’à la normale. Pour une autre personne plus aguerrie, il s’agira peut-être d’une longue randonnée sur plusieurs jours avec un poids important sur le dos, puisque les muscles des pieds ne sont pas habitués à porter une telle surcharge.
De même, si vous êtes sujet aux fasciites plantaires, c’est-à-dire à des douleurs sous les pieds, vous devriez rechercher une chaussure offrant un soutien plantaire plus marqué et, donc, une certaine rigidité. Ce problème peut d’ailleurs apparaître lorsque vous commencez la randonnée et que vos muscles manquent de force.
La souplesse
Plus de flexibilité et de souplesse ne sont pas des caractéristiques à négliger. Le pied étant constitué de nombreuses petites articulations, il peut s’adapter à différents terrains.
Une chaussure dotée d’une semelle plus souple vous permet de bien sentir le terrain et le sol, grâce aux récepteurs présents sous vos pieds, et, par conséquent, de bien mesurer la force de vos pas, de vous adapter au type de sol et à ses obstacles, et de prévenir des déséquilibres. Porter une chaussure souple demande en outre une plus grande participation des muscles des pieds et aidera à les développer.
Attention, toutefois : un soulier très flexible, voire minimaliste, nécessite une expertise et un entraînement spécifique pour être capable de les porter sans se blesser.
Et en cas de doute?
Si vous hésitez entre rigidité et souplesse, commencez avec un modèle qui vous offrira un certain maintien. Si tout va bien, que vous vous y habituez et que vous ne ressentez pas de douleur, votre prochaine paire pourra être plus légère et plus souple si vous le désirez. Tout est une question d’adaptation.
Quelles autres caractéristiques prendre en compte?
La robustesse
Des bottes rigides et plus haut de gamme sont faites pour les longues randonnées en terrain accidenté (aussi dites de « trek »). Elles sont fabriquées pour durer dans certaines conditions ce qui n’est pas le cas des chaussures souples et légères conçues en principe pour la courte randonnée sur des sentiers faciles ou intermédiaires.
Cette robustesse dépend entre autres de l’intercalaire (ou semelle intermédiaire), se situant entre le pied et la semelle d’usure, qui entre en contact avec le sol. Dans les souliers et les bottes d’entrée de gamme ou plus souples, l’intercalaire est généralement composé de mousse CAV/E (ou EVA en anglais), qui absorbe très bien les impacts. À la longue, toutefois, la mousse s’écrase et se déforme.
Si vous cherchez une botte résistante à une surcharge, voire simplement très rigide et durable, optez pour un modèle doté d’un intercalaire en polyuréthane. Celui-ci ne se déformera pas. Ce matériel est utilisé dans les produits haut de gamme.
Les bottes très rigides et destinées aux sorties plus techniques seront parfois munies d’autres caractéristiques supérieures, comme des œillets à roulement à billes pour le laçage, une bordure protectrice (aussi appelée renfort ou pare-pierres) au bout, à l’arrière ou tout autour du pied pour éviter d’abîmer le cuir ou le tissu, etc.
Le frein au talon
Privilégiez la présence d’un frein au talon, qui réduira les risques de glissades dans les descentes. Cette caractéristique se repère sur la zone arrière de la semelle.
La résistance à l’eau
Si vous faites de la randonnée beau temps, mauvais temps, et même en hiver, optez pour un modèle paré d’une membrane imper-respirante qui l’étanchéise à l’eau, comme Gore-Tex ou eVent. Plus les chaussures sont imperméables, plus elles sont chaudes. Cette caractéristique n’est donc pas essentielle si vous randonnez surtout quand il fait beau et plutôt chaud. Au contraire, votre transpiration s’y accumulerait rapidement, et la poussière finirait par boucher les pores de la membrane.
Pour en arriver à un bon compromis entre imperméabilité et respirabilité, vous pouvez choisir une chaussure traitée avec un simple déperlant, qui fait perler l’eau à la surface. Par ailleurs, toutes les chaussures devraient tôt ou tard être traitées avec un tel produit adapté au type de matériel. À la longue, à force de faire des flexions, la membrane imper-respirante interne peut finir par se fissurer et, donc, il peut y avoir des entrées d’eau.
Quel matériau choisir : cuir ou synthétique?
Les matières synthétiques
Le polyester et le nylon, par exemple, sont des matières synthétiques reconnues pour leur légèreté, leur capacité à sécher rapidement et leurs prix alléchants.
Le cuir
Les chaussures en cuir sont plus durables et résistantes aux abrasions que celles faites de matière synthétique. Plus répandu, le nubuck — un cuir plus mince travaillé et brossé comme un suède — apporte légèreté et flexibilité.
Le cuir pleine fleur (brossé ou non) est encore plus résistant et durable, mais il est toutefois plus lourd et cher. Vous le trouverez sur les bottes plus techniques, conçues pour la longue randonnée.
Notez d’ailleurs que les bottes en cuir doivent être traitées, c’est-à-dire hydratées régulièrement avec un produit approprié pour éviter qu’elles sèchent.
Il existe encore quelques modèles de bottes tout en cuir, à l’intérieur comme à l’extérieur. Ce ne sont pas des chaussures étanches, toutefois, car il n’y a pas de membrane. Il est possible d’y mettre un produit déperlant. Ces chaussures ont l’avantage d’être plus respirantes qu’une paire munie d’une membrane imper-respirante comme Gore-Tex, en plus de mouler votre pied.
À vérifier en magasin
Vous marcherez sur un terrain sablonneux, par exemple en Utah, aux États-Unis, ou aux Îles-de-la-Madeleine? Portez attention aux modèles avec un tissu de type filet (ou « mesh » en anglais). Si celui-ci n’est pas tissé suffisamment serré, le sable risque d’y pénétrer et de rester prisonnier dans votre chaussure!
L’essayage en magasin
Essayez cinq à six paires de chaussures afin de pouvoir comparer les modèles entre eux. Lorsque vous les portez, vous devez être totalement à l’aise. Un léger point de pression ressenti en magasin signifie tout un inconfort après quelques heures sur les sentiers. Rappelez-vous également que les matériaux s’assoupliront peu, voire pas du tout avec le temps.
Lors de l’essayage :
- Enfilez des chaussettes appropriées pour la randonnée.
- Assurez-vous que vos orteils bougent facilement lorsque votre talon est au fond.
- Avancez le pied tout au bout et glissez un index derrière votre talon. L’espace doit être ni trop serré ni trop ample.
- Lacez et ajustez le tout pour avoir le soutien nécessaire. Vous devez être à l’aise (pas de points de pression à signaler ni sur les côtés ni sur le dessus du pied).
- Marchez et utilisez le petit meuble conçu pour reproduire le dénivelé en montant et en descendant dessus. Vos orteils ne doivent pas toucher au bout lors de la descente. Et même s’il est normal que votre talon se soulève légèrement en montée, il ne devrait pas sortir de la chaussure ni y frotter.
- Sortez la semelle intérieure amovible et comparez sa taille et sa forme à celle de votre pied appuyé dessus. Assurez-vous que votre petit orteil est complètement à l’intérieur et que la largeur du pied ne dépasse pas de la semelle. Si tel est le cas, vous pouvez demander si le modèle est offert dans une variante plus large. À l’inverse, évitez les chaussures trop larges ou trop grandes, car votre pied risque de bouger, ce qui est mauvais pour le maintien en plus de créer des frottements et des ampoules douloureuses.
- Si vous portez des semelles orthopédiques (ou orthèses plantaires), essayez-les dans les chaussures à la place des semelles amovibles.
Une fois à la maison, « testez » vos nouvelles chaussures en marchant le plus possible. Si vous ressentez une certaine douleur ou un inconfort, vous pourrez généralement les échanger ou les retourner dans la plupart des magasins si elles n’ont pas été portées à l’extérieur.
Le prix
Dans la catégorie des chaussures de randonnée, le prix est un indice de qualité et de robustesse. Les produits plus haut de gamme sont généralement fabriqués en Europe, contrairement en Asie pour les autres.
Pour un soulier de qualité, prévoyez entre 150 et 350 $ environ. Pour une botte ou un bottillon, prévoyez plutôt 200 $ ou plus. Et finalement, pour un modèle plus technique (aussi dit intermédiaire ou semi-rigide), payer 350 $ n’est pas exagéré.
L’entretien
Pour garder vos bottes ou vos souliers en bon état longtemps, ne négligez pas leur entretien.
- Nettoyez-les à l’eau de temps en temps ou quand vos chaussures sont pleines de boue ou de poussière, ce qui affecte leur respirabilité et dessèche la matière.
- Délogez aussi les roches, la boue et le sable des semelles ou pris dans vos bottes.
- Lavez les semelles amovibles à la main ou à la machine à l’eau froide et faites-les sécher à l’air libre pour éliminer les bactéries à l’origine des odeurs et déloger la poussière.
Les bonnes chaussettes
Des chaussettes expressément conçues pour la randonnée pédestre ne sont pas un luxe. Évitez à tout prix le coton et choisissez des chaussettes faites de matières synthétiques et/ou de laine mérinos. Cette dernière a l’avantage de ne pas conserver les odeurs. Prenez les modèles plus épais pour l’hiver. Au besoin, portez une sous-chaussette fine en matière synthétique pour garder vos pieds secs et au chaud.
La sous-chaussette est également recommandée pour limiter les frottements qui causent les ampoules. Si vous faites des ampoules facilement, traînez avec vous des pansements de type coussinets spécialisés pour les ampoules, tels que ceux de la marque 2nd Skin.
Attention à vos pieds et à vos articulations
Les fabricants mettent généralement des semelles de base à l’intérieur de leurs produits. Si vous payez une paire de bottes 300 $, par exemple, il peut valoir le coup d’investir 30 ou 50 $ de plus pour une semelle qui offre une meilleure absorption au niveau du talon ou qui est plus confortable, au besoin.
Si, toutefois, vous avez des douleurs fréquentes sous les pieds, changer la semelle amovible à l’intérieur aura un impact limité. C’est l’absorption du soulier lui-même, donc de sa semelle intermédiaire, qui fera une réelle différence.
Si vous avez des douleurs ou des inconforts fréquents aux pieds et aux genoux, vous devriez consulter un professionnel de la santé avant l’achat d’une nouvelle paire de chaussures. Il pourrait, par exemple, vous recommander un modèle muni d’une semelle intermédiaire plus absorbante, même si c’est moins robuste et durable.
Le port d’une chevillère pourrait aussi vous être conseillé si vos chevilles se tordent souvent, et sans vous blesser. Même si ce n’est pas douloureux, ces mouvements causent des microtraumatismes, qui, avec le temps, peuvent entraîner des problèmes graves aux chevilles.
À propos de Protégez-vous
Protégez-Vous est un organisme sans but lucratif, autofinancé et indépendant, qui informe, éduque et accompagne les consommateurs afin de les aider à faire des choix éclairés et responsables.